Nommé Premier ministre le lundi 16 octobre 2023, Robert Beugré Mambé jouit d'un état de grâce qui pourrait être de courte durée, eu égard aux pressantes attentes des populations.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que le successeur de Patrick Achi aura peu de temps pour s'acclimater à ses nouveaux bureaux de la Primature au Plateau, à cause des dossiers chauds dont il a hérité. Aussitôt nommé, Robert Beugré Mambé devra, en effet, mettre le pied à l'étrier au lendemain du premier conseil des ministres, qui s'est tenu le mercredi 18 octobre. De fait, dès ce baptême du feu, le chef de l'État, Alassane Ouattara, a mis la pression sur le nouveau locataire de la Primature en lui fixant des priorités. Ce qui devrait en rajouter à l'impression de constriction que peut ressentir Robert Beugré Mambé face à l'impérieuse nécessité de mener de front, plusieurs dossiers chauds, dont cinq doivent être traités avec diligence.

Le défi de la CAN

Il s'agit en tout premier lieu du dossier de la Coupe d'Afrique des nations (CAN). Dans moins de trois mois, doit débuter en Côte d'Ivoire, cette grand-messe du football africain. Un rendez-vous que tiennent à réussir les autorités ivoiriennes avec à leur tête, le président de la République, Alassane Ouattara. Or, à quelques mois du coup d'envoi de cette compétition, prévu pour janvier 2024, il reste encore certains points du cahier des charges à remplir : des infrastructures sportives destinées à accueillir cet important rendez-vous du football africain attendent encore la dernière couche, de même que sont en cours, les préparatifs des festivités entrant dans l'organisation. Alors que le temps presse, Robert Beugré Mambé doit vite prendre connaissance de l'état d'avancement de tous les travaux lancés par le Gouvernement à travers le Comité d'organisation de la CAN (COCAN) et apporter de toute urgence, des réponses qu'il faut pour rectifier ce qui doit l'être afin de faire de cet événement sportif de haute importance, un éclatant succès. Le défi est quasi sisyphéen, d'autant que le temps joue contre le nouveau Premier ministre, lequel devra mettre à contribution, les recettes qui lui ont permis d'organiser avec succès, les 8e Jeux de la Francophonie en 2017 à Abidjan.

Garantir la sécurité

Un autre dossier brûlant qui attend le nouveau locataire de la « Maison Blanche » au Plateau, c'est l'urgence d'agir sur la cherté de la vie, en oeuvrant notamment à l'approvisionnement des marchés en produits vivriers. Ce défi découle d'ailleurs d'une instruction ferme du chef de l'État en conseil des ministres. « À cet égard, le Gouvernement devra donc veiller à assurer l'approvisionnement du marché intérieur en produits alimentaires et en denrées de première nécessité, dans des conditions qui préservent le pouvoir d'achat des ménages, surtout les plus vénérables », a instruit Alassane Ouattara. La mission s'annonce délicate d'autant que cela implique que l'équipe gouvernementale lève tous les écueils qui rendent difficile l'acheminement des produits vivriers sur les marchés. En l'occurrence, la question de l'état des routes et des tracasseries routières. Autant d'écueils que Robert Beugré Mambé devra s'atteler à lever.

Mais encore faut-il que prévale dans le pays, un climat de sécurité et de stabilité nécessaire à la bonne conduite des affaires de l'État. Aussi le Premier ministre devra-t-il s'atteler à garantir aux populations, la sécurité, par ces temps où plusieurs pays de la sous-région sont en proie au terrorisme et à l'instabilité institutionnelle. Comment prémunir le pays contre les menaces des fous de Dieu ? Tel est l'autre défi à relever par Robert Beugré Mambé.

Restaurer la bonne gouvernance

Lequel aura également pour challenge de remettre l'église au milieu du village en veillant à traduire dans les faits, l'instruction du chef de l'État de voir les finances publiques et les entreprises publiques être « gérées selon les règles de bonne gouvernance ». C'est là assurément un pari fou que Robert Beugré Mambré devra relever, dans un environnement où des institutions étatiques en charge du contrôle des finances publiques ont, par le passé, dénoncé des écarts par rapport à la saine gestion des deniers publics. Nul doute que, de par son parcours professionnel, l'ancien gouverneur du District d'Abidjan a les ressources pour relever ce défi.

Tout comme il devra tenir le pari de faire aboutir dans les délais, tous les grands travaux en cours notamment dans le Grand Abidjan ; ceux qui doivent s'achever avant la CAN, comme ceux qui doivent être finis avant la fin de ce quinquennat. Comment s'y prendra-t-il pour mener de front, tous ces chantiers en cours ? Là est toute la délicatesse de la mission qui lui a été confiée par Alassane Ouattara en le nommant Premier ministre, le lundi 16 octobre 2023.

Assane Niada