Côte d'Ivoire : pourquoi les relations entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara se sont (à nouveau) dégradées

  • publiè le : 2022-08-11 12:23:29
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Côte d'Ivoire : pourquoi les relations entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara se sont (à nouveau) dégradées
La grande complicité observée le 14 juillet lors de la rencontre entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo n'aura pas duré bien longtemps. Récit d'un énième revirement de situation entre le chef de l'État et son prédécesseur.

Le 7 août, la présence de Laurent Gbagbo et d'Henri Konan Bédié au côté d'Alassane Ouattara à Yamousoukro, lors de la célébration de l'anniversaire de l'indépendance de la Côte d'Ivoire, était censée sceller la réconciliation entre l'actuel et les anciens présidents. Las, la politique en a, une nouvelle fois, décidé autrement.

Après avoir envisagé d'assister aux festivités, Laurent Gbagbo a finalement décliné l'invitation. L'ex-chef de l'État a préféré prendre un bain de foule, dans la soirée de ce même 7 août, au palais des congrès du Sofitel Ivoire d'Abidjan, où Aïcha Koné, la diva de la musique ivoirienne, célébrait ses quarante ans de carrière.

S'étant entretenu avec Laurent Gbagbo au téléphone, Henri Konan Bédié, qui avait quant à lui assuré Alassane Ouattara de sa présence à Yamoussoukro, s'est désisté à son tour. Selon nos sources, le patron du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI) ne souhaitait pas prendre part à une scène de réconciliation tronquée, dans laquelle Gbagbo aurait brillé par son absence.

Espoirs...
Pourquoi l'ancien président du Front populaire ivoirien (FPI) a-t-il choisi de décliner l'invitation à la dernière minute ? D'après nos informations, Laurent Gbagbo a estimé qu'Alassane Ouattara n'avait pas rempli une grande partie des engagements évoqués lors de la fameuse rencontre du 14 juillet, à savoir la libération d'un certain nombre de militaires incarcérés.


Durant leur rencontre du 14 %u2013 très conviviale et qui a eu lieu au Petit palais de la présidence %u2013, Laurent Gbagbo n'avait en effet que peu parlé de son propre sort, du dégel attendu de sa rente viagère ou encore de sa condamnation controversée à vingt ans de prison et à 329 milliards de francs CFA d'amende dans l'affaire du braquage, au début de 2011, de l'agence de la Banque centrale des États de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) d'Abidjan.

L'ancien président avait en revanche beaucoup plaidé en faveur de la libération d'une quinzaine de militaires, dont les généraux Dogbo Blé, ancien commandant de la Garde républicaine, et Vagba Faussignaux, ex-commandant de la marine. Il avait aussi insisté sur le sort des colonels Ohoukou Mody et Jean Aby, du commissaire Osée Loguey et des commandants Jean Abehi et Anselme Séka Yapo.

... et désillusions
Comme argument pour la libération de ces gradés, Laurent Gbagbo avait évoqué le cas du général Philippe Mangou. L'ancien chef d'état-major, qui avait pourtant donné de nombreux ordres pendant la crise post-électorale de 2011, n'a en effet pas été poursuivi par la justice mais a été nommé ambassadeur au Gabon puis en Allemagne. Gbagbo estimait ainsi que, si Philippe Mangou était resté libre, ses subordonnés de l'époque n'avaient pas à payer le prix fort.

Alassane Ouattara l'avait écouté attentivement et avait observé que nombre des personnalités citées ont été reconnues coupables de crimes de sang et ont été condamnées à de lourdes peines de prison. Concernant le général Mangou, il avait précisé que celui-ci avait très tôt fait allégeance aux nouvelles autorités, en 2011, tandis que d'autres poursuivaient les combats. Enfin, il avait évoqué une probable libération conditionnelle pour au moins deux militaires.

Dans l'attente des libérations et de mesures de pardon, Laurent Gbagbo espérait avoir obtenu partiellement gain de cause. Pourtant, seuls le général Vagba Faussignaux et le commandant Abehi ont bénéficié de la liberté conditionnelle grâce à un décret présidentiel publié le 6 août, en même temps que la grâce présidentielle accordée à Laurent Gbagbo. Une annonce insuffisante aux yeux de l'ancien président, qui a ainsi considéré que l'esprit de la rencontre du 14 juillet avait été trahi et a décidé d'annuler sa venue à Yamousoukro le 7 août.
source : Jeune Afrique

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