Ciné Club N'Kah, 11ème session : Mary-Noel Niba explique le choix de Sidiki Bakaba comme invité d'honneur

  • publiè le : 2022-06-29 20:17:24
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Ciné Club N'Kah, 11ème session : Mary-Noel Niba explique le choix de Sidiki Bakaba comme invité d'honneur
Du 8 au 9 Juillet prochain, se déroule à Yaoundé au Cameroun, l'acte XI du Ciné Club N'Kah, organisé par Tell And Be Africa (TABA). Initiatrice de l'événement, Mary-Noel Niba, présidente de l'association TABA, nous explique dans cet entretien les enjeux du Ciné Club, et surtout, le choix du cinéaste Ivoirien, Sidiki Bakaba comme invité d'honneur de cette session.



Raoul Mobio: Mary-Noël Niba, bonjour. Vous êtes l'organisatrice du Ciné Club Nkah, devenu un rendez-vous culturel de premier plan au Cameroun. Parlez-nous de vous. Bien sûr, en levant un coin de voile sur votre parcours.

Mary-Noel Niba: Bonjour Raoul Mobio et merci de me donner l'occasion de m'exprimer sur vos organes de presse. Je vous donne ma bio en raccourci comme je la propose généralement:
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Mary-Noel NIBA, est l'auteur de plusieurs films documentaires entre autres, dont « Partir ? », « Bamenda City », « le dos de la veuve », «Yannick ou le Pied de l'Espoir», d'un long métrage de fiction « Claire ou l'enfant de l'amour » et des fictions radiophoniques « l'Héritier de Mellan » et « Zéro Ballon ». Des distinctions en ont été glanées. Elle produit et co-réalise la série « Jane et Mary ».
Mary-Noël NIBA, est camerounaise. Elle a été formée en cinéma à l'ESRA (Paris), à l'Université de Valenciennes (DEUG Arts Plastiques option Audiovisuel), puis à l'Université d'Aix Marseille (Maîtrise en Science et techniques des Métiers du son et de l'Image). Recrutée à la CRTV (Radio et Télévision nationale) en 1992, elle commence sa carrière comme réalisatrice des émissions d'information (journaux télévisés et magazines d'infos %u2013 « Migrations », «Thermomètre» et «Recto Verso»). Elle crée et anime ensuite « Le Français Tel Quel », un magazine portant sur les particularités du français parlé au Cameroun, qui la rend célèbre à travers le pays. Mary-Noël NIBA, sera appelée, par la suite, à occuper des hautes fonctions à la direction générale de l'entreprise, devenant tour à tour Directeur Adjoint chargée de la Production, avant de prendre en charge le poste stratégique de Directeur Commercial Adjoint chargé du Marketing et de la production publicitaire. Après avoir été Consultante coordinatrice du Projet « Maisons des Savoirs » auprès de l'Organisation Internationale de la Francophonie (OIF), Mary-Noel NIBA s'occupe actuellement des Relations publiques à l'Ambassade du Cameroun à Paris, tout en étant Cinéaste indépendante et Productrice Déléguée de LUMAN Communications, une société de production et de distribution de films, et de conseil en communication, dont le siège social est basé à Yaoundé au Cameroun. Elle est également la promotrice du Ciné-Club N'kah à Yaoundé, activité de l'Association Tell And Be Africa (TABA) qu'elle préside. Son documentaire, « Partir ? » - qui a remporté de nombreuses distinctions - co-produit par De l'Autre Côté Du Périph' (DACP) une société de production française basée à Paris, et LUMAN Communications est sorti en France le 10 novembre 2021.

RM: Quel est le but recherché à travers l'organisation de cet évènement ?

MNN: Le Ciné-club N'kah (Lumière), qui aujourd'hui devient Ciné-club N'kah Plus, a pour objectif de promouvoir la culture africaine, par la revisitation des films africains de bonne facture, et de former à l'art de mieux raconter nos histoires, pour une réappropriation de notre identité. Il s'agit ainsi de:
Susciter auprès du public l'envie de retourner en salles pour se divertir et redécouvrir le patrimoine cinématographique africain presque oublié pour une meilleure connaissance de sa culture par les échanges avec les auteurs des films %u2013 Le cinéma c'est en salle !
Permettre à la jeunesse de rêver, de se divertir et de s'épanouir, avoir des référents sociologiques, tout en apprenant l'art cinématographique; il s'agit ainsi de susciter auprès d'eux des vocations pour les nombreux métiers du cinéma et de l'audiovisuel
Combattre le misérabilisme en formant à l'art de mieux se raconter, de mieux raconter la vie de nos jeunes par des films qui les valorisent et montrent leur force; Ceci pour aider aussi à freiner le dramatique phénomène des migrations périlleuses vers l'occident.

RM : Si vous deviez dresser un bilan des éditions précédentes en terme d'apport à la conscientisation de la jeunesse de votre pays, que diriez-vous ?

MNN : Nous avons démarré en juillet 2020 en pleine pandémie de COVID-19, et nous avons réussi à tenir une session de 2 jours tous les deux mois, le vendredi soir pour les adultes avec un long métrage en présence du réalisateur, et le samedi matin, en petit déjeuner cinéma, avec des jeunes en majorité, pour au moins deux courts métrages africains. Je vis à Paris et je dois être à Yaoundé pour chaque session ; rien d'évident. Comment faire d'omelette sans casser les oeufs ! Nous avons pu tenir 10 sessions et produit 20 émissions TV sur le cinéma de 52 mn, dont 10 avec la jeunesse. Ces jeunes cinéphiles qui viennent en salles et ceux qui regardent les émissions produites à la télé, ont surement appris quelque chose. IL est question de leur répéter qu'ils valent de l'or pour leur pays et partant pour leur continent, car l'afrique c'est aussi un paradis ! Le travail est long, et peut-être lent, mais nous sommes convaincus d'un impact probant sur le long terme, car c'est un travail sur l'état d'esprit de ce public réceptif et fragile. Nous avons réussi à fidéliser des jeunes « movie goers » ; c'est déjà très bien. Il faut continuer à travailler ; Nous en profitons pour remercier tous nos partenaires qui ont cru en nous et ses nombreux bénévoles et professionnels investis qui donnent le meilleur d'eux mêmes à chaque session, pour la réussite de cette belle aventure.

RM : Pour l'édition 2022, la Côte d'Ivoire est à l'honneur puisque la guest star de ce Ciné Club, c'est le célébrissime cinéaste, Sidiki Bakaba. Qu'est-ce qui motive le choix du personnage ?

MNN : Oui, pour la Session 11 du Cinéclub N'kah qui monte d'un cran, nous recevons l'immense star de cinéma, Sidiki BAKABA, qui a su partager avec le monde sa culture ivoirienne à travers ses films réalisés et son jeu d'acteur. C'est énorme pour notre association. Notre leitmotiv est de mieux se connaître pour pouvoir parler de soi. Nous parlons ici de la promotion de la culture africaine à travers le cinéma africain. Nous avons commencé à recevoir à Yaoundé, en invités d'honneur, des cinéastes camerounais reconnus et disponibles, tout en projetant des courts métrages venus de toute l'Afrique. Nous avons toujours souhaité avoir les grands noms d'autres pays d'Afrique, mais il fallait d'abord bien asseoir le concept afin de montrer notre détermination à convaincre. Nous sommes fiers que le ciné-club N'kah ait obtenu l'adhésion des grands noms du cinéma camerounais, et aujourd'hui celle des icônes africaines comme Sidiki BAKABA. C'est un honneur et un privilège qu'il ait accepté notre invitation. Aujourd'hui c'est la Côte d'Ivoire, demain ce sera un autre pays d'Afrique. Notre association s'appelle Tell And Be Africa (Afrique, raconte toi et existe). Il faut écouter ceux de nos hommes et femmes de culture qui ont su faire parler de l'Afrique au monde.

RM : Êtes-vous optimiste quant au développement d'une industrie cinématographique Africaine susceptible de servir de moteur au redressement du continent ?

MNN : Je suis de nature très optimiste. Je suis une scénariste, productrice et réalisatrice de films. Je connais la réalité du terrain en Afrique comme ailleurs. Le cinéma africain est un terrain en friche. Il est pourtant riche et bourré de potentiels. Nous avons encore tout à organiser quoique que dans plusieurs pays, beaucoup soit fait. Il faut préserver les acquis mais continuer à travailler dur pour mieux organiser les choses, chacun à son niveau. Le cinéma c'est le rêve, alors beaucoup s'y perdent et ne pensent qu'à être des stars. Pourtant c'est d'abord un ensemble de professions bien définis où la formation et le travail sont de rigueur. Je relève quand même le dynamisme de la jeune génération de cinéastes, qui par un regain de confiance en soi, arrive à mener des productions osées et réussies avec seulement des moyens locaux, mais aussi à la profondeur d'esprit de l'ancienne génération dont les productions brillaient par leur authenticité africaine. Tout ceci mis ensemble me donne à croire que nous sommes sur la bonne voie. C'est l'objectif que nous nous sommes fixés au Ciné-club N'kah : revisiter nos films de renom pour un apprentissage de l'art cinématographique, mais aussi encourager la production d'oeuvres optimistes. Le cinéma doit devenir un moteur de développement culturel et économique. J'y crois fermement.

RM : Le Ciné club Nkah, comment l'entrevoyez-vous dans les prochaines années ?

MNN : Le Ciné-club N'kah a commencé son ouverture sur l'Afrique par la qualité des invités et des productions exploitées. Pour le moment, les séances se font à Yaoundé, les émissions captées à partir des échanges après projections des films se font avec le public camerounais. Néanmoins la diffusion est internationale (Télévision nationale camerounaise, nos réseaux sociaux) donc touche des publics divers. Nous avons d'autres chaînes africaines qui souhaitent diffuser ses émissions de cinéma. Ce qui est formidable car c'est le but recherché. Nous avons des propositions de délocaliser dans d'autres pays afin que le public de ces pays là puisse s'exprimer sur les films des cinéastes nationaux et autres. C'est très bien ça aussi. Une autre chose qui est en train de se dessiner et qui rejoint nos ambitions: c'est l'organisation en multiplex des séances de Ciné-club N'kah dans plusieurs pays d'Afrique. Les mêmes films seraient vus avec des interprétations propres à chaque peuple, car l'Afrique est riche de sa pluralité culturelle. Tout ceci pour dire que nous sommes ouverts à tout ce qui pourraient permettre aux objectifs de l'Association Tell And Be Africa de se poursuivre. Le Ciné-club N'kah n'est que l'une des activités. D'autres se préparent. Et merci à tous ceux qui adhèrent à ce projet et qui nous accompagnent. Merci à vous.
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Interview réalisée par Raoul Mobio

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