En Côte d'Ivoire, le festival Menstrues libres veut lever le tabou des menstruations

  • publiè le : 2023-05-28 00:32:32
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En Côte d'Ivoire, le festival Menstrues libres veut lever le tabou des menstruations
Le premier festival en Afrique de l'Ouest consacré à la santé menstruelle a lieu ce week-end à Abidjan. Financé par des ONG internationales, il a pour objectif de libérer la parole sur les menstruations et de changer le regard sur ce sujet encore tabou.

« Quand tes règles vont venir, il ne faut pas crier "Ouh Maman, je suis blessée ! Y a le sang, y a le sang, je vais mourir !" Non, tu ne vas pas mourir. Toutes les femmes, elles saignent d'en bas. Tu as compris ? » Les explications de la bénévole font rire les écolières arrêtées devant le stand. Ici, pas de tabous...

Le festival s'appelle « Menstrues libres », son logo représente deux doigts tâchés de sang, dressés pour dessiner le V de la victoire. L'événement se veut à la fois militant, informatif et festif, explique sa coorganisatrice Salimatou Baldé, présidente de l'ONG Actuelles : « Tout à l'heure, on va commencer par une petite cérémonie d'ouverture, un panel. Ensuite, on va enchaîner avec un deuxième panel sur la menstruation en milieu carcéral, et comment pérenniser les actions. On fera une petite pause, et au retour, on fera des cercles de parole. Il y en a sur l'acceptation du corps, comment aborder les menstruations avec sa fille... Il y en a plusieurs comme ça qu'on va faire aujourd'hui. »

Informer pour lutter contre la peur
Le festival vise d'abord un public jeune, des adolescentes et pré-adolescentes, mais aussi leurs parents et leurs proches. L'autre coorganisatrice, Amandine Yao, présidente de l'ONG Gouttes Rouge qui intervient en milieu scolaire, dit avoir voulu pallier un manque éducatif : « J'ai une histoire particulière avec les menstruations. En CM2, une amie a eu ses règles en classe et tout le monde s'est moqué d'elle. Depuis lors, je n'ai pas arrêté de me promener avec des serviettes. Et je crois que j'ai eu mes règles en 4e, donc je me suis promenée avec des serviettes longtemps ! Et j'avais vraiment cette peur, de me salir. Et je me suis dit : en tant que féministe, il faudrait que je fasse quelque chose. »

L'ONG Equipop a réalisé en 2021 une étude sur les droits et la santé menstruels en Afrique de l'Ouest et du centre. Conclusion : il s'agit d'une porte d'entrée efficace pour aborder les questions liées à la santé sexuelle et reproductive. Mais les obstacles restent nombreux, rapporte Elise Fouillet d'Equipop : « Il y a d'abord la difficulté d'accès aux produits et aux services de santé menstruelle. Le deuxième obstacle, c'est la question des installations sanitaires qui ne sont pas forcément au point, notamment dans les écoles, les lycées, les universités, etc. Et le troisième point, c'est la question des tabous, des préjugés et de la vision très négative des menstrues qu'il peut y avoir, et qui font que les femmes et les filles qui ont leurs règles vivent de l'exclusion sociale, de la honte, des préjugés, ce qui peut mener à la déscolarisation de certaines jeunes filles ou à l'absentéisme scolaire. »

Selon cette étude, en Afrique subsaharienne, 1 fille sur 10 ne va pas à l'école pendant ses règles. Ce qui correspond à près de 20% de temps scolaire perdu sur une année.
source : rfi.fr

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