Adama Bictogo, Président de l'Assemblée nationale et pilier du régime RHDP, n'a pas tardé à réagir face aux enquêtes qui pèsent sur son entreprise SNEDAÏ. Il a eu une rencontre avec le Président Alassane Ouattara au terme de laquelle il a obtenu des assurances cruciales.

Dimanche 14 juillet dernier, révèle Africa Intelligence, un discret tête-à-tête s'est tenu entre le Président Alassane Ouattara et Adama Bictogo à Abidjan. Bien que les questions politiques aient été à l'ordre du jour, la situation délicate de SNEDAÏ, entreprise fondée par Bictogo, a dominé les discussions. Depuis avril, SNEDAÏ est sous le coup d'une enquête approfondie menée par le ministère ivoirien des Finances concernant le marché de confection des passeports.

Selon Africa Intelligence, au terme de cette entrevue, le Président Ouattara a exprimé sa "pleine confiance" en Bictogo, malgré les remous actuels. La rencontre visait non seulement à discuter des défis politiques, mais aussi à aborder de front les problèmes de SNEDAÏ, particulièrement après l'audition de plusieurs membres de la famille Bictogo par le pôle économique et financier du tribunal de première instance d'Abidjan-Plateau début juillet. Lisa Sarr-Bictogo, Alassane Bictogo, et Dramane Bictogo ont été longuement interrogés pour déterminer si SNEDAÏ avait correctement reversé à l'État la part due du marché des passeports, une somme réclamée s'élevant à près de 4 milliards de francs CFA.

Ce soutien intervient dans un climat de tensions internes au sein du RHDP, suscitées par des soupçons d'ambitions présidentielles nourries par Bictogo

Face à cette situation, le Président Ouattara a pris soin de manifester son soutien à Bictogo, un geste crucial alors que la majorité RHDP tente de conserver son unité à l'approche des élections présidentielles de 2025. Ce soutien intervient dans un climat de tensions internes au sein du RHDP, suscitées par des soupçons d'ambitions présidentielles nourries par Bictogo, notamment si Ouattara décidait de ne pas briguer un quatrième mandat. Dans une situation économique délicate, et face à des finances publiques fragiles, le gouvernement multiplie depuis le début de l'année les contrôles fiscaux.

Les tensions internes au RHDP ont en effet vu le jour entre Bictogo et d'autres figures influentes du parti, tels que le secrétaire exécutif Ibrahim Cissé Bacongo et Fidèle Sarossoro, directeur de cabinet du Président. Ces luttes intestines, combinées aux défis économiques, ont poussé le gouvernement à intensifier les contrôles fiscaux, accentuant la pression sur SNEDAÏ, à en croire nos sources.

L'immixtion du président Alassane Ouattara intervient alors qu'il tente de maintenir l'unité de sa majorité à l'approche de l'élection présidentielle de 2025. Il a ainsi appelé à mettre fin aux luttes intestines entre les barons du Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP). Ce soutien présidentiel pourrait s'avérer déterminant pour l'avenir politique de Bictogo, mais aussi pour la stabilité du RHDP à l'approche d'échéances électorales critiques.