Encouragé à faire profil bas et à normaliser ses relations avec le chef de l'Etat ivoirien, réconciliation : Quand Soro attend désormais Ouattara

  • publiè le : 2024-07-15 13:52:51
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Encouragé à faire profil bas et à normaliser ses relations avec le chef de l'Etat ivoirien, réconciliation : Quand Soro attend désormais Ouattara
En appelant en fin mars à deux reprises au moins le chef de l'Etat, entre autres pour le remercier d'avoir élargis ses proches emprisonnés depuis cinq ans, Guillaume Soro renvoie en quelque sorte la pression dans le camp d'Alassane Ouattara, obligé de donner d'autres gages quant à sa réelle volonté de décrisper l'atmosphère socio-politique, à moins de deux ans de la prochaine présidentielle.


Pendant longtemps, certains lui ont mis la pression, lui reprochant d'avoir le verbe trop haut ou de refuser de faire acte de contrition vis-à-vis du chef de l'Etat, plus âgé que lui, pour favoriser la libération de ses proches emprisonnés depuis décembre 2019 et pour faciliter son retour au pays. Depuis le mois de mars, l'ancien président de l'Assemblée nationale a donc joué la partition que ces personnes attendaient de lui. Consécutivement à la grâce présidentielle décrétée le 22 février dernier et qui a permis la remise en liberté d'une cinquantaine de détenus politiques dont une vingtaine de ses proches, Guillaume Soro a appelé Alassane Ouattara au téléphone, pour le remercier pour ce pas important allant dans le sens de la décrispation de leurs relations, tendues depuis fin 2019.

« À l'occasion du double carême chrétien et musulman, l'ancien Premier ministre Guillaume Kigbafori Soro, a téléphoné au Président Alassane Ouattara, au mois de mars, pour saluer le début de la décrispation politique en Côte d'Ivoire, marqué par les mesures d'élargissement prises en faveur de ses proches compagnons, dont le vice-président de Générations et Peuples Solidaires, M. Koné Souleymane. Les échanges entre les deux hommes politiques ivoiriens ont été marqués par la cordialité. L'ancien Premier ministre Guillaume Kigbafori Soro maintient sa volonté de servir la cause de la réconciliation et de la paix en Côte d'Ivoire. Dans cet esprit, il demeure ouvert au dialogue », a communiqué le 4 avril le cabinet du président de Générations et peuples solidaires (GPS), après qu'un article paru dans un média proche du Palais présidentiel d'Abidjan, a évoqué les échanges téléphoniques entre Guillaume Soro et Alassane Ouattara.

LA PARTITION DU PRESIDENT DE GPS
« Le président ivoirien, Alassane Ouattara, et l'opposant Guillaume Soro ont échangé par téléphone, fin mars. Un contact inédit après plus de cinq ans d'un froid glacial entre les deux hommes. Le coup de téléphone s'est tenu dans le plus grand secret. Selon les informations d'Africa Intelligence, le chef de l'État ivoirien, Alassane Ouattara, s'est entretenu par téléphone avec l'opposant Guillaume Soro dans la soirée du vendredi 29 mars. L'échange s'est tenu à l'initiative de l'ancien président de l'Assemblée nationale ivoirienne, alors qu'Alassane Ouattara avait regagné Abidjan quelques heures plus tôt, après un séjour de deux semaines en France.

Ce premier entretien, qui a duré un peu plus d'une quarantaine de minutes, a été suivi d'un second échange téléphonique entre les deux hommes dans la matinée du samedi 30 mars », avait publié Africa Intelligence le 4 avril 2024. « C'est vrai. Lui et moi avons parlé au téléphone. Ce n'est pas un poisson d'avril. La prochaine fois ça sera en Côte d'Ivoire. L'élection présidentielle de 2025 n'est plus loin. Il faut s'activer », avait réagi en personne l'ancien Premier ministre ivoirien. Une démarche qui vient ainsi enlever sur ses épaules une pression. Car, depuis la dégradation des relations entre Alassane Ouattara et l'ancien locataire de la Primature, certaines personnalités voire des Ivoiriens estiment que le plus gros effort à faire in combe à Guillaume Soro, pour favoriser la décrispation. C'est donc chose faite. Ce que confirment plusieurs cadres du Rhdp qui restent malgré tout circonspects face au dégel ainsi amorcé entre l'ancien président du Rassemblement des républicains (RDR) et l'éphémère vice-président de cette formation politique.

« Oui, Guillaume Soro a bien appelé le président Ouattara. Oui, il l'a appelé pour lui demander pardon pour tout le tort qu'il lui a fait... Si son appel est sincère, nous allons le juger à travers ses actes et ceux qu'auront posés ses partisans », avait indiqué le 11 avril 2024, depuis Vavoua, Mamadou Touré, le ministre de la Promotion de la jeunesse, un proche de Birahima Téné Ouattara, frère cadet d'Alassane Ouattara. Puis, Mamadou Touré qui est par ailleurs porte-parole adjoint du gouvernement et du Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (Rhdp), d'en remettre une couche, ce mardi 28 mai 2024, dans un entretien accordé à Radio France internationale (RFI) Guillaume Soro a pris l'initiative d'appeler le président Alassane Ouattara pour lui présenter ses excuses pour les torts qu'il a pu lui causer et, en même temps, lui dire merci pour la libération de certains détenus proches de lui. Certains ont vu en cela un acte allant dans le sens d'un apaisement. Mais encore faut-il que les autres actes, en dehors de ce coup de fil, aillent dans ce sens. Ce que nous recherchons, c'est la sincérité dans les actes posés. iIl faut que chacun soit sincère dans les actes posés », soutient-il.

Après que Guillaume Soro a décidé de poser un acte allant dans le sens de la décrispation, comme il l'a souhaité depuis cinq ans, le camp Ouattara exige de l'ancien président de l'Assemblée nationale qu'il fasse preuve de sincérité et qu'en plus, il bâillonne ses partisans. Et pourtant, il y a pire que cette exigence ubuesque. Dans la foulée de la sortie, en avril dernier de ce cadre du Rhdp, une autre publication proche du Palais présidentiel d'Abidjan, "révèle'' un projet de déstabilisation du pays dans lequel auraient trempé plusieurs proches de l'ancien président de l'Assemblée nationale. Un vrai faux scoop qui viserait manifestement à démontrer à l'opinion nationale et internationale que le leader de GPS est loin de s'être vraiment repenti. Mais, en dépit du caractère manipulateur de cette information et des autres machinations dont les objectifs apparents sont de saboter le début de décrispation, Guillaume Soro réaffirme son engagement à toujours oeuvrer pour la réconciliation.

EN ATTENDANT OUATTARA...
« Quand viendra l'heure de la décrispation vraie, je serai au rendez-vous. Toujours », écrit l'ex-secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d'Ivoire (Fesci), quand des cadres et militants du Rhdp militent publiquement pour son châtiment comme préalable à la rémission de ses "péchés''.

« Je réitère mon engagement ferme à travailler inlassablement pour la paix et la réconciliation. Je suis convaincu qu'un dialogue ouvert, constructif et sans apriori, est l'unique voie pour éviter à notre pays l'impasse. C'est dans cette optique que j'entends poursuivre mes entretiens téléphoniques avec le président Alassane Ouattara, dont j'ai eu l'initiative au mois de mars dernier. Rien, aucun soubresaut, ne me fera dévier de cette trajectoire. L'intérêt supérieur de la nation qui est au-dessus de nos personnes, n'offre aucune autre option. Nous avons tous l'obligation de travailler pour la paix et pour l'apaisement. Après quelques jours de repos, je m'y consacrerai. Je sais qu'il faudra faire face à des poches de résistance, mais notre détermination en viendra à bout », poste le 8 mai l'ancien député de Ferké. Un pied de nez à ses détracteurs au sein du parti au pouvoir mais qui place aussi son interlocuteur, Alassane Ouattara, devant ses responsabilités. Puisqu'il faut être deux pour faire... la paix.

« Il se trouve que dans le camp Ouattara, le rapprochement des deux leaders pourrait nuire aux intérêts de certains qui tiennent à leurs prestiges et à leurs conforts. C'est ce qui rend le caractère de cette décrispation plus ou moins perplexe », croit savoir Doumbia Prince, membre de la Commission d'orientation et de coordination de GPS, le mouvement de Guillaume Soro où l'on souhaite, comme ailleurs, dans les autres formations politiques de l'opposition, une amnistie, qui permettrait de faire un "grand pas'' dans le sens de la vraie décrispation.

« Le président Ouattara doit oeuvrer de sorte à apaiser l'atmosphère politique en Côte d'Ivoire. Pour éviter toute sorte de tension, il doit accorder l'amnistie à tous ses opposants, de sorte que ceux d'entre eux qui ont la volonté de participer à des élections le fassent. La meilleure solution pour éviter les tensions, c'est l'amnistie plutôt que de chercher à écarter des candidats de la course à la présidence de la République, pour se maintenir au pouvoir (...) En son temps, le président Laurent Gbagbo, malgré la pression de ses militants, a utilisé l'article 48 de la Constitution pour permettre au président Ouattara d'être candidat en 2010.

Nous pensons qu'en retour, le président Ouattara pourra contenir la pression de ses partisans et rétablir Laurent Gbagbo dans ses droits (...) L'apaisement ne doit pas être l'affaire d'une seule personne. Si l'apaisement est unilatéral, il ne se réalisera pas », affirme, dans une interview accordée à NordSud Infos, Moussa Konaté, comme pour dire au camp Ouattara qu'il faut vraiment de la sincérité dans les actes.

Génération Nouvelles
source : afriksoir.net

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